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Conférence: Le Système Social Bassa Mpô’o Bati Aujourd’hui Et Demain

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Conférence:

Le Système Social Bassa Mpô’o Bati Aujourd’hui et Demain ou de L’Acéphalisme Mémoriel à la Figure Pyramidale Imposée, par Gaston KELMAN et l’Honorable Cabral LIBII LI NGUÉ

Date: Vendredi 31 Mai 2024 à partir de 18h 30 precises

Adresse: Jane E. Lawton Community Center

4301 Willow Lane, Chevy Chase , MD 20815

EN GUISE DE PROLEGOMÈNES

Ma lecture de la renaissance bassa-mpoo-bati s’inscrit dans deux citations de l’histoire
de Rome. L’une trace le destin du peuple bassa-mpoo-bati, le peuple de Mpodol. L’autre
l’avertit de la difficulté à accomplir sa mission, à réaliser son destin.

Tu, regere imperio populos, (Romane) Bassa-Mpoo-Bati memento (Rappelle-toi
peuple bassa, que tu dois diriger le monde).
Sans prétention, sans chauvinisme et encore moins tribalisme, j’avance l’hypothèse – je pourrais parler de thèse et même de réalité – que l’histoire du peuple bassa-mpoo-bati, sa culture mémorielle l’inscrivent dans le destin de peuple leader. Mpodol Ruben Um Nyobè en est l’illustration contemporaine. C’est lui qui sonne le départ de la renaissance du Cameroun et de celle du peuple bassa. C’est l’homme qui par sa hauteur et s on intelligence a exaspéré le colonialisme français au point de le pousser dans la barbarie d’une guerre asymétrique, la seule guerre de décolonisation négro-africaine. Bien entendu, l’ambition du bassa-mpoo-bati n’est pas de diriger le monde. L’ambition n’est même pas de diriger un monde que serait le Cameroun. Il s’agit de démontrer que la spécificité de ce peuple le prédispose à être en tête de l’invention de la nouvelle identité camerounaise qui doit émerger au bout de cette renaissance. Les autres peuples ont bien entendu des compétences en tout genre, intellectuelles, matérielles, tactiques.

Tantae molis erat (romanam) Bassa-Mpoo-Bati condere gentem (Tant elle était
difficile à conduire la renaissance du peuple BMB)
Et pourtant, tout laisse à penser que plus que tout autre peuple camerounais, le BMB est le groupe le moins à l’aise dans la nouvelle nation. Ce qui est vrai tout aussi dans une perspective historique que mémorielle. Son éparpillement géographique dans quatre régions, sa stigmatisation par le colon, tout ceci avait justement pour but de le punir de sa clairvoyance, du projet de désaliénation que Mpodol portait. Aussi étrange que cela puisse paraître, les héritiers idéologiques de la colonisation conservent cette défiance envers le peuple de Mpodol et l’idée d’une grande Sanaga maritime apparaît comme inconcevable. Si on ajoute à ce facteur exogène le modèle mémoriel de l’acéphalisme, facteur endogène, le BMB semble mal parti dans cet univers dont la totalité des autres composantes viennent de systèmes pyramidaux, avec cette autorité temporelle que le BMB ne connaît pas. Et pourtant, tout est à sa portée pour diriger la création de cette nation malgré la réserve du tantae molis erat. Et je me réjouis de le dire en présence de l’homme dont j’ai dit qu’il était porteur de l’offre politique la plus innovante depuis Mpodol, Cabrl Libii li Ngué Ngué. À côté de ces deux sentences centrales, les mots clés de ce travail sont
Renaissance ; Acéphalisme ou système acéphale ; Système pyramidal.

Le Cameroun, comme toutes les anciennes colonies africaines est dans une période de son évolution qui correspond à la renaissance des vieilles nations européennes entreprise au 15 ème siècle. Il s’agit de faire des nations nouvelles avec des groupes, des tribus précoloniaux. Période paradoxale s’il en fut. En effet, l’exercice est complexe. La renaissance c’est, en s’appuyant sur son histoire et bien ancré sur le présent – sciences, technologie -, bâtir une nation, une identité nouvelles. L’exercice est d’autant plus complexe que les nations en création sont handicapées par des complexes en tout genre, par l’aliénation postcoloniale, par la pression malveillante de l’Occident et sa pensée dominante qui s’impose unique, freine très fortement l’émergence d’une pensée émancipée de la tutelle coloniale. En effet, l’Africain a admis la supériorité du Blanc et le prend pour modèle. Pourtant la pensée n’est pas universelle. Elle est spatio-temporelle, contextuelle. L’idée même de pensée unique que promeut l’Occident est une aberration. Il y a une pensée bassa, une pensée française, une pensée bamiléke ou italienne. Une pensée camerounaise est en chantier. Mais l’Africain continue à penser comme le Blanc voudrait qu’il pense. Ses références sont gréco-latines et occidentales en général. La langue qui en est le support est étrangère, un cheval de Troie introduit dans notre univers. Le cas camerounais est encore plus complexe. La diversité des espaces – la forêt, la savane, la montagne, la mer -, et des peuples qu’ils hébergent, la multiplicité des langues et des religions originelles et importées, tout cela fait de ce pays un laboratoire unique.
Afrique en miniature ! Je ne m’en réjouis pas comme mes compatriotes. De tout cela, il faut faire une nation. Complexité nationale, complexité BMB. En effet, un modèle social rarissime dans le monde, vient complexifier la renaissance du BMB. Ce peuple est acéphale, dans un contexte local et universel dominé par le modèle pyramidal. Voilà posée la dramaturgie du BMB isolé dans son nouvel univers. Comment sortir de cette culture mémorielle pour intégrer la nouvelle norme.

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